Élise MORIN

Le choix de lieux et de milieux spécifiques sont des composantes intrinsèques de son travail. Ils permettent d’engager une réflexion sur la relation qu’entretient la création au bien commun, sur le rôle de l’esthétique dans la compréhension d’autres perceptions d’un monde terrestre abîmé. Elise Morin a notamment exposé en France au Centquatre, au Jeu de Paume, au Grand Palais, au Musée d’art contemporain de la ville de Bucharest, de Moscou, Pékin et Tokyo. Formée à l’enseignement de l’école Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, de la Central Saint Martins College de Londres, puis de la Tokyo National University of fine arts à Tokyo.

Le premier chapitre de SPRING ODYSSEY s’est articulé autour de la création et de la représentation d’une plante résistante à de hautes doses de radioactivité et d’un territoire : la forêt rouge de Tchernobyl, une des zones les plus irradiées de la planète. L’humanité y sera bannie pour les prochains siècles. La « naturalité », la place de la science et de la technologie comme nécessaires prismes de lecture y sont questionnés. SPRING ODYSSEY lie intimement les sciences, les arts, la technologie et la philosophie dans un dispositif multimédia proposant un espace entre le réel et le virtuel, une expérience mixte autour de l’invisibilité de la radioactivité et de l’inaccessibilité des corps dans des territoires terrestres ou extra-terrestres.

Aujourd’hui, la «forêt rouge» est devenue un laboratoire à ciel ouvert, interdite d’accès sans autorisation spéciale. «Les individus de plantes qui restent sont ceux qui ont résisté», explique Anders Møller* écologue.  Une forêt de bouleaux résistants à la radiation a repoussé là où les pins trop sensibles ont péri. Un nouvel écosystème, appauvri mais résistant, questionne les biologistes et la NASA pour qui les radiations cosmiques sont un problème à résoudre pour cultiver l’idée de la colonisation d’une planète «plan B».

L’idée que ce nouvel écosystème puisse devenir à la fois un no-man’s land pour des milliers d’années, une réserve sauvage en mutation aux allures insoupçonnables et un passeport pour l’espace reste totalement contre-intuitive. Grâce au dépassement des nombreux horizons qu’elle exige, la forêt rouge est un monstre paradoxalement porteur d’enseignements capables de transformer en profondeur notre rapport à un monde modifié pour qui décide de la considérer comme tel : cette “étrange étrangeté” (T.Morton)  à laquelle nous appartenons. Penser et percevoir seraient  deux choses distinctes ?

C’est dans la clairière si particulière de la forêt rouge , où, au printemps 2018, les jeunes pousses de M_Plant ont été amenées puis exposées aux radiations. Spring Odyssey abrite désormais deux clai-rières qui se superposent et se confondent : celle du  monde d’hier qui célébrait la terre-mère, le sublime (Sacre du Printemps) et celle, contemporaine, de l’enchevêtrement, du grand maillage auquel participe à présent la radioactivité, les virus et les pollutions.

SPRING ODYSSEY-PERFORMANCE DANSÉE est une fable chorégraphique inspirée par les interactions  réelles et virtuelles  de la plante mutante  avec  ses  multiples environnements AR et VR

Artiste : Élise Morin / Technicien

Créatif : Vincent Malizia /

Producteur : Lucid Realities,Tulipes & Cie Production / Coproducteur : France Télévisions

Avec le soutien du CNC-Dicream et de la Diagonale Paris-Saclay, Grand Paris Sud Est Avenir (GPSEA)

Visuel : Spring Odyssey © Elise Morin

Site internet : elise morin (elise-morin.com)

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